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Entretien avec Sonia Ristic
En montant sur ce bateau, je ne savais encore rien. Je ne pouvais m’imaginer qu’embarquer sur le Marco Polo, c’était traverser le miroir. Je suis monté à bord du Marco Polo et je me suis cogné aux regards des passagers. Personne ne parlait. Dans la cabine, ils étaient tous assis, alignés, silencieux, étonnamment paisibles. Et ils me regardaient.
Dans leurs yeux, il n’y avait pas d’animosité. Aucune curiosité non plus. Rien. Et pourtant, ils me regardaient, tous.
Lorsque j’ai salué d’un signe de tête, les têtes se sont inclinées en cadence pour me répondre. J’ai cherché un regard pour y prendre appui, mais dans tous les yeux il y avait la même chose. De la bienveillance, un peu d’amusement et des tonnes de mémoire. Une infinité d’images dans ces regards, tellement qu’il n’y avait plus de place pour les mots. Et puis, c’était comme s’ils savaient quelque chose dont je ne pouvais pas me douter, comme s’ils partageaient un secret que je ne pourrais jamais percer.
Café Hyène est une mosaïque atypique d'observations, de perceptions, de réflexions et de souvenirs. Elza, son amie Rebeka et leurs deux compagnons, Ian et Elfman, se rencontrent régulièrement dans un café branché du centre-ville de Bratislava pour passer discuter, lire et boire. Dans ce café, fréquenté par les touristes et les gens aisés, on les prend pour des étudiants. Ils viennent du quartier de Petržalka, une des plus grandes cités hlm d'Europe « Où les murs jouent de la musique et parlent. Et où le temps est immatériel. Là, vous pouvez rencontrer des créatures que le monde pense disparues, éteintes. Les bonnes et mauvaises ». Pour Elza, Petržalka est l'endroit « d'où elle ne pourra jamais s'échapper », elle doit protéger la personne aimée qui s'y trouve coincée, elle doit continuer sur cette route appelée Petržalka : un voyage qui peut mener à la folie ou à la mort.
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Marche ou rêve raconte l’odyssée de deux Sénégalais sans-papiers en France, le pays des droits de l’homme – blanc de préférence. C’est un roman sur la quête de la liberté, mais aussi sur la difficulté de conserver sa dignité à partir du moment où on est considéré comme un citoyen de seconde zone. Ce récit mêle à la fois l’humour, qui est omniprésent dans le style plutôt original du narrateur, et la noirceur car la réalité n’est jamais drôle pour des hommes perpétuellement en fuite. Toutes les anecdotes racontées sont malheureusement authentiques.
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Dans Les esprits moldaves voyagent-ils toujours en bus vers l'Ukraine ? une femme décide de partir à la traversée de l'Europe pour des raisons professionnelles très sérieuses, sauf qu'elle décide de le faire en bus, ce qui n'est pas sérieux du tout. Coincée dans ce caisson roulant à 100 kilomètres/heure avec 44 autres passagers tous plus dingues les uns que les autres et ne parlant pas nécessairement la même langue, elle décide de faire "oeuvre d'anthropologie" et de prendre des notes pour prendre son mal en patience. En découle un récit de voyage hilarant sur une petite Europe en réduction qui doit, ne serait-ce que le temps d'un voyage, apprendre à se supporter et à se comprendre.
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Mamou d'Angi Máté, traduit du hongrois par Zsuzsa Kosza, n'est pas un livre pour enfants, mais un livre sur l'enfance. Une adulte prend la voix de la petite fille qu'elle a été pour nous convier dans l'univers insolite du désamour. Élevée par mamou, sa grand-mère au visage plissé, elle ouvre des yeux curieux sur un monde d'adultes hostile, étroit et dépourvu de féerie. Elle y oppose l'immensité de ses terrains de jeux enchantés, son langage imagé, ses plaisirs incongrus, sa naïveté, son regard innocent et avide de comprendre ce que nul ne prend la peine de lui expliquer. Pour trouver sa place dans ce monde, il faut le transformer : peut-on aimer autre chose que les cimetières et les enterrements ? Des petits jardins peuvent-ils pousser sur les genoux ? L'hiver commence-t-il dans les marmites? Peut-on faire des mouillettes avec ses couettes dans son chagrin ou aller chatouiller les pieds des saints dans les églises pour voir si cela leur ferait du bien, si cela les rendrait moins tristes ? Peut-on être aussi grande que l'oubli en soi ? Tout semble possible, tant que mamou est là, tant que l'on peut continuer à être soi, tant que la mort de ceux qu'on aime ne nous oblige pas à devenir autre.