Juliette Keating – Peux-tu revenir sur ton travail d’écriture, comment s’inscrit-il dans ta vie ?

Dominique Barreau – L’écriture a toujours fait partie de ma vie. Dans ma vie professionnelle, au départ, avec des missions de communication. Puis j’ai découvert la poésie dans une association, et les mots ont doucement pris d’autres chemins, jusqu’à la publication de livres de développement personnel en accord avec mes accompagnements en tant que coach et formatrice. Aujourd’hui, j’ai en tête de nouvelles et belles histoires, petites graines qui ne demandent qu’à fleurir ! Un peu comme les poèmes à planter de Virginie…

Juliette Keating – Tu cherches surtout à émouvoir les lecteurs ?

Dominique Barreau – Quand j’écris, j’ai l’intention de toucher le cœur des lecteurs ! J’aimerais leur donner envie de faire un pas de plus, de réactiver les belles énergies qui sont en eux et qui sont parfois en sommeil. Bien sûr, il nous arrive à toutes et tous de traverser des déserts, et même d’avoir l’impression d’être au fond d’un gouffre. Dans mon métier de coach ou en tant qu’auteure, j’ai envie de tendre la main pour redonner courage et confiance.

Juliette Keating – Quand on pense à la poésie, on pense plutôt à l’expression de souffrances personnelles, à l’élégie.

Dominique Barreau – Quand on parle de littérature française, je pense souvent à la définition de l’auteur Luc Fivet : « la contemplation navrée d’un nombril en souffrance ». Les livres qui marchent mettent souvent en scène des personnages victimes d’un sort injuste, enfermés dans leur petit malheur. En général, ils vont s’en sortir, bien entendu !


Je pense qu’on peut écrire sans forcément partir du côté sombre, en allant plus vite vers la lumière ! Je veux mettre des mots sur ce qui est beau, sur ce qui est bon, sur ce qui va donner de l’élan et de l’envie.

Juliette Keating – Dans ta poésie, tu vises à déclencher des émotions qui vont dans le sens de la maîtrise de soi ?

Dominique Barreau – Pas la maîtrise de soi, parce que ça voudrait dire contrôler ses émotions. Je parle de la lumière au bout du tunnel, de l’espérance, parce que le soleil nous attend toujours derrière le nuage. Par expérience, je sais que de nombreuses situations compliquées, voire douloureuses, nous apprennent quelque chose sur nous-mêmes et sur le monde. Ce sont autant d’occasions de comprendre, de transformer et d’avancer sur de nouveaux chemins, avec plus de sens et de joie.

Juliette Keating – Le thème des femmes se retrouve dans les deux poèmes que tu as publiés aux éditions Le Ver à Soie dans la collection Poèmes à planter. Que cherches-tu à explorer à travers cette thématique ?

Dominique Barreau – Aujourd’hui encore, trop de femmes sont maltraitées dans le monde. Elles ont souvent une charge mentale plus lourde que les hommes. Pourtant, le monde serait infiniment plus beau si les femmes étaient protégées, si elles pouvaient mieux s’exprimer et partager leur puissante énergie du féminin. Cette énergie est fondamentale pour l’équilibre du monde. J’ai écrit tout un recueil de poèmes sur la puissance archétypale des femmes, cette belle énergie de créativité et de vie en lien avec la nature qu’on est en train de massacrer.

Juliette Keating – La nature est un autre thème important pour toi ?

Dominique Barreau – Oui, et je pense que ça va l’être de plus en plus. Vouloir protéger la nature, ce n’est pas prôner le retour à l’homme de Neandertal ! L’important est de trouver un équilibre. J’essaie toujours dans mon écriture de valoriser cet équilibre.

Juliette Keating – Comment as-tu écrit Poèmes au féminin ?

Dominique Barreau – Ces poèmes ont été écrits à une période de transformation profonde dans ma vie. J’avais lu Femmes qui courent avec les loups : histoires et mythes de l’archétype de la femme sauvage de Clarissa Pinkola Estès. Ce sont des contes archétypaux très puissants. Après cette lecture, ma vie a changé et j’ai commencé à écrire des poèmes pour exprimer ce qui était en moi. Dans la poésie, je cherche à lâcher le mental, à écrire avec mon corps et mon cœur. La poésie est un moyen de lâcher prise, d’être dans une écriture intuitive. C’est pour ça que je n’écris pas de rimes, j’en suis incapable parce que c’est trop normé, trop cadré. La poésie est pour moi une parenthèse de liberté. À l’époque où j’ai écrit ces Poèmes au féminin, l’écriture était une délivrance. Aujourd’hui, j’ai envie de continuer à écrire sur et pour les femmes... Peut-être un nouveau recueil de poésie ?

Juliette Keating – La collection des Poèmes à planter est particulière, comment as-tu perçu la présence de tes textes dans cette collection ?

Dominique Barreau – L’idée m’a beaucoup plu. J’aime la métaphore : planter les mots. Quand on plante quelque chose en terre, on va dans les profondeurs avec l’espoir que la tristesse, la souffrance, la peur se transformeront, et que de belles choses fleuriront de nouveau un jour. C’est simple et puissant. La nature est forte et nous avons aussi cette force : même si l’on se sent déraciné, desséché, on peut se relever et refleurir !

Juliette Keating – Selon toi, quel est le rôle de l’écrivain ?

Dominique Barreau – Je ressens la puissance des mots : un poème, un texte peut transformer, sauver la vie d’une personne. L’écrivain peut ouvrir vers l’imaginaire, déclencher quelque chose chez le lecteur. Je trouve essentiel de se détourner d’une écriture stéréotypée, suivant un modèle préétabli, voire produite par l’intelligence artificielle. L’intelligence artificielle peut sans doute fabriquer de jolis poèmes et des romans, mais où sera le cœur, où sera l’énergie ?

Propos recueillis par Juliette Keating

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