Principe d’économie réelle et solidaire : tu donnes, je donne ;
Principe de prédation : je prends, alors tu donnes.
Tout au long de l’année 2015, Le Ver à soie a été confronté à l’augmentation des impayés de petites factures : un phénomène que connaissent malheureusement trop bien les petits éditeurs dits auto-distribués et qui contribue à leur épuisement. Ces impayés, qui ont pu parfois aller jusqu’à deux ans pour des sommes atteignant les 7,80 euros, n’ont pas eu seulement pour conséquence d’amputer la trésorerie de Virginie Symaniec auto-entreprise en la mettant en difficulté face à ses fournisseurs, ou en hypothéquant le processus de fabrication des livres à son catalogue. Ils ont également constitué, en creux, une captation de stock, modifié de facto ce qui se présentait d’abord comme des commandes fermes en des dépôts non négociés et non consentis avec exigences soudaines de faculté de retour, et fait valoir le principe que certains pouvaient nourrir leur trésorerie et construire leur développement, non pas sur un partage équitable des risques - comme cela se ferait dans n’importe quelle «chaîne» où, par définition, les maillons sont solidaires -, mais sur la capacité supposée d'une micro-maison d'édition (bien loin d'être la seule à voir son petit capital ou sa déjà faible force d'investissement être ciblés de cette manière), à s'endetter.
Le Mûrier blanc, label de distribution-diffusion déposé à l’INPI, dont Virginie Symaniec est la propriétaire exclusive, naît de cette situation. L'idée de mûrier blanc nous a parue suffisamment symbolique pour un ver à soie : on trouve en effet que, pour ce petit animal, un mûrier blanc, c’est nourrissant. Au fond, pour paraphraser Tchekhov qui écrivait à Constantin Stanislavski mettant en scène sa Mouette que, « Non, les oiseaux ne chantent pas », ce label, contrairement à l’animal qu’il est censé nourrir, lui, ne mange pas. Il n’aura donc pas vocation à générer des bénéfices pour lui-même. En revanche, il se veut au service du développement du Ver à soie : aussi bien levier de réflexion sur les outils (techniques, logistiques et communicationnels) adaptés à la micro-économie dans laquelle se développe son catalogue que sur les alternatives en matière de diffusion permettant de valoriser et de donner priorité aux ventes réelles. Ce dispositif, adressé aux professionnels du livre comme aux particuliers, reposera également sur un principe d’échanges respectueux de la fragilité du Ver à soie, ainsi que sur le besoin vital qui est le sien, de protéger son équipe et tous ceux qui font partie de sa chaîne de fabrication (de l’auteur à l’imprimeur).
Une des conséquences de la pandémie a été toutefois de perdre l'imprimeur historique du Ver à soie et de constater à quel point il était devenu difficile pour un indépendant de trouver un partenariat d'impression respectueux de ses besoins, non seulement en termes de préservation de sa ligne graphique, mais également en tant que gage d'une certaine qualité, à des prix raisonnables permettant à l'activité de se poursuivre et de se développer de manière professionnelle. A partir de fin 2021, Le Ver à soie a été formé par Gilles Cheval (1973 -2023), fondateur des éditions Mazette (Plaisir, 78), pour fabriquer lui-même ses propres livres. Il s'est organisé en suivant un Atelier de façonnage très simple aux Essarts-le-Roi en trouvant des machines reconditionnées des années 80 du XXe siècle. Les livres du Ver à soie sont donc façonnés main depuis fin 2021. La démarche est devenue ainsi de plus en plus artisanale, voire même artistique puisque ce modèle économique incite à la création de nouvelles formes, y compris à partir des chutes de fabrication. Le Ver à soie a donc pu s'engager dans une démarche à échelle de plus en plus humaine et, à bien des égards, de plus en plus poétique. L'économie revendiquée est ici celle du circuit court - l'impression des livres se fait aujourd'hui à quelques kilomètres de l'Atelier avec l'aide de Growing paper. On ne produit pas plus que nécessaire, on ne pratique toujours pas le pilon et les déchets papiers sont, comme certains invendus abîmés, recyclés, soit dans la recyclerie du Ver à soie, soit dans le cadre de deux nouvelles collections : L'Art de la chute, d'une part, permet de transformer les rebuts de fabrication en petits objets de papeterie dont la vente, très peu chère, permet de racheter du papier de création ; Les Saxifrages, d'autre part, permettent de réunir ces morceaux de textes et de phrases arrachés parfois de façon aléatoire à la forme première à laquelle ils auraient dû appartenir par un coup intempestif de massicot en laissant faire le hasard, ce qui donne des objets cette fois inattendus, uniques, irréductibles à aucun autre, en bref, résolument poétiques et artistiques. Les saxifrages ou perce-pierres poussent, survivent et résistent sur les roches, les murs, et où on ne les attend pas. Ils prennent racines dans les aspérités et les fissures, et il nous semble que cela résonne à merveille au Ver à soie.
D'une manière générale, nous n'avons pas perdu les habitudes vertueuses prises pendant la pandémie. Si l'on veut acheter en direct, c'est souvent sur les salons du livre et les marchés aux fleurs ou de petits producteurs que vous nous trouverez (voir la liste de nos expositions en page d'acceuil). Pour acheter en direct les livres du Ver à soie ou assister à la fabrication d'un livre, il est également possible de prendre rendez-vous au 06 59 02 96 00 ou en écrivant à virginie.symaniecleverasoie.com
Que vous soyez donc professionnel du livre ou particulier, nous vous invitons aussi à lire dans les sous-rubriques de cette page, les détails du dispositif simple qui vous est proposé pour passer vos commandes et acquérir des livres du Ver à soie, et ceci dans l'attente de nouvelles améliorations :
Pour nous contacter et pour toute question, nous vous invitons à nous joindre via les adresses mail ou postales suivantes :
virginie.symaniecleverasoie.com ou lemurierleverasoie.com
C/o Virginie Symaniec
35, rue de l'Artoire
78690 Les Essarts-le-Roi
Tel : 06 59 02 96 00
Enfin, Le Ver à soie adhère par ailleurs à L'Autre livre, à l'EDIF (Association de l'Edition indépendante en Île de France) et à L'Association pour l'écologie du livre.
Pour comprendre l'histoire de la fondation du Ver à soie, je vous invite à lire Barnum que j'ai publié avec la complicité d'Anne-Laure Brisac aux éditions Signes et Balises. Pendant 5 ans, j'ai chroniqué quasi quotidiennement l'histoire d'une femme sans capital qui décide de s'auto-proclamer éditrice indépendante. Le barnum, c'est aussi celui qui me sert de tonelle sur les marchés où je diffuse la littérature que j'aime et que j'ai envie de défendre :
Description
"Virginie Symaniec est historienne, spécialiste du théâtre en Russie et en Biélorussie. En 2013, elle fonde sa maison d’édition, Le Ver à soie, où elle publie de la littérature française et étrangère.
Mais comment faire connaître et commercialiser son catalogue ? Virginie Symaniec a imaginé d’aller au plus près des lecteurs, si possible là où le public ne l’attend pas : l’essentiel de sa production, elle la vend sur les marchés des places des villes et des villages. C’est ce monde peu connu qu’elle dévoile dans Barnum – Chroniques. Le monde des marchands, des forains et des petits vendeurs aux vies multiples et souvent abîmées, qui ne perdent jamais leur humour ou leur esprit combatif. Un monde régi par des règles strictes mais jamais écrites, animé par des acharnés du travail qui ne craignent aucun frimas, aucune intempérie, et qui portent parfois haut le sens de la loyauté et de la justice. Virginie Symaniec, qui les côtoie depuis plusieurs années, les dépeint avec humour et gravité en une succession de saynètes alertes.
Une pensée libre comme peu de gens en ont".
À commander sur le site des Editions Signes et Balises
Collection Des villes et des vies
Disponible depuis décembre 2019
ISBN : 978-2-9545163-9-4 ;
232 pages
Prix : 18 euros