Lire notre entretien avec Tristan Soler
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Qui est-il, Fjall, cet homme errant sur la toundra arctique hantée par les bêtes ? Ayant dû fuir - mais quoi ? -, il s’est adapté en ermite polaire au monde sauvage. Il s’est chamanisé, joue avec les esprits animaux, danse sur la glace, invoque les chants qui apaisent, trace les graffitis magiques dans la neige. Est-il un rescapé des massacres, ou le songe des adolescents chercheurs d’art pour s’inventer, contre le présent technologique, les nuits blanches du septentrion comme utopie ? Un inquiétant et débonnaire double lointain ? Ou bien ce qu’il reste en nous de la violence des hordes, des métamorphoses de nos mémoires ? « Fjall, c’est le nom de l’homme. Il laisse la chouette s’abriter sur la poutre. Il lui raconte toutes sortes de choses, les mots qu’il n’a jamais acceptés de prononcer pour aucun humain. D’ailleurs il s’agit, dans ces discours, de la méchanceté des hommes, de leur bêtise à comprendre ce que lui, et désormais la chouette, savent sur la nature de l’existence ».
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Entretien avec Juliette Keating
Dans une rue en chantier aux trottoirs défoncés vit nue, été comme hiver, Éva, Ève ou Awa, la jeune fille noire vagabonde, nue et pure face à un monde caniculaire basculant dans la révolte et le chaos. La brisera-t-il ? L'amour sera-t-il toujours une issue, un ancrage ?
« Awa ne savait pourquoi sa mémoire se heurtait implacablement aux portes battantes d’une cabine téléphonique qui n’existait plus, et ne voulait pas la conduire au-delà, comme si les lieux les plus éloignés de son enfance lui étaient formellement interdits. Interdit aussi le prénom que sa mère lui avait donné : comment avait-elle pu l’oublier ? Elle se sentait coupable. Peut-on se nommer soi-même ? Elle s’était souvent interrogée sans trouver de réponse susceptible d’apaiser ni sa peine, ni sa conscience, butant sur la double énigme de son nom et de sa date de naissance. Il lui fallait accepter l’éternel exil de la douceur maternelle, bercer la douleur de l’absence jusqu’à ce que, définitivement, elle s’endormît. Mais elle devait regarder devant elle, se dit Awa, résolue. Comme sur ce vélo qu’une fillette lui avait prêté dans le bois, demeurer toujours en mouvement pour maintenir l’équilibre : le dos droit, les yeux dirigés vers l’avenir. Pour Thomas qui l’avait élevée, pour sa mère à qui elle devait la vie, pour la vieille qui l’aimait avec les yeux, elle se promit de ne plus se laisser aller, elle se jura de vivre, de devenir femme. Elle était pleinement Awa, dressée, verticale, à la face du monde. »
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Entretien avec Maria Rybakova
Cette histoire parle d’un fleuve, d’une femme tombée amoureuse de ce fleuve, et de leur fils devenu voleur avant de connaître une triste fin. Si on les juge, que diront-ils pour se justifier ? La femme balbutiera : j’ai aimé. Son fils dira : j’ai eu foi. Les eaux du fleuve garderont le silence, mais la loi n’a pas de prise sur elles. À la fin, le voleur voudra écouter le tic-tac d’une montre. La femme demandera la clémence pour son mari, mais oubliera complètement son fils. Le fleuve continuera de couler et pleurera ceux qui sombrèrent dans ses eaux. Ayant pleuré tout son soûl, il se desséchera et s’enlisera dans le sable, et les hommes marcheront dans son lit aride. Je crois aux mots, comme un voyageur fait confiance au fleuve quand il s’y engage en barque. Les mots me portent, et la forêt de la vie des autres se dresse des deux côtés. Où accosterai-je ? Où est celui qui me murmurait des mots d’amour la nuit ? Je ne me souviens ni de son nom ni de la ville où cela s’est passé. En se retournant, le voyageur remarque qu’il ne reconnaît plus le chemin qu’il a parcouru.
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Entretien avec Luc Fivet
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Avec Anonyme, Luc Fivet renoue avec un de ses genres de prédilection : le roman noir. Dans ce thriller social aux accents kafkaïens, un homme ordinaire, comptable de son état, découvre un autre homme en survêtement qui patiente devant la porte de sa maison. Celui-ci lui demande un euro pour le laisser rentrer chez lui. Juste un euro. Le prenant pour un clochard, le comptable lui tend une pièce et ouvre la porte. L’autre le suit dans le vestibule. La descente aux enfers a commencé. Mené à un rythme haletant, Anonyme décrit un monde où la chute peut frapper n’importe qui, à tout moment. Elle peut être rapide, parfois cocasse, mais les règles sont claires et les rôles bien définis. Chacun joue son jeu avec les cartes dont il dispose. Mais les dettes se paient cash. La mise de départ : un euro.
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Entretien avec Sonia Ristic
En montant sur ce bateau, je ne savais encore rien. Je ne pouvais m’imaginer qu’embarquer sur le Marco Polo, c’était traverser le miroir. Je suis monté à bord du Marco Polo et je me suis cogné aux regards des passagers. Personne ne parlait. Dans la cabine, ils étaient tous assis, alignés, silencieux, étonnamment paisibles. Et ils me regardaient.
Dans leurs yeux, il n’y avait pas d’animosité. Aucune curiosité non plus. Rien. Et pourtant, ils me regardaient, tous.
Lorsque j’ai salué d’un signe de tête, les têtes se sont inclinées en cadence pour me répondre. J’ai cherché un regard pour y prendre appui, mais dans tous les yeux il y avait la même chose. De la bienveillance, un peu d’amusement et des tonnes de mémoire. Une infinité d’images dans ces regards, tellement qu’il n’y avait plus de place pour les mots. Et puis, c’était comme s’ils savaient quelque chose dont je ne pouvais pas me douter, comme s’ils partageaient un secret que je ne pourrais jamais percer.
Café Hyène est une mosaïque atypique d'observations, de perceptions, de réflexions et de souvenirs. Elza, son amie Rebeka et leurs deux compagnons, Ian et Elfman, se rencontrent régulièrement dans un café branché du centre-ville de Bratislava pour passer discuter, lire et boire. Dans ce café, fréquenté par les touristes et les gens aisés, on les prend pour des étudiants. Ils viennent du quartier de Petržalka, une des plus grandes cités hlm d'Europe « Où les murs jouent de la musique et parlent. Et où le temps est immatériel. Là, vous pouvez rencontrer des créatures que le monde pense disparues, éteintes. Les bonnes et mauvaises ». Pour Elza, Petržalka est l'endroit « d'où elle ne pourra jamais s'échapper », elle doit protéger la personne aimée qui s'y trouve coincée, elle doit continuer sur cette route appelée Petržalka : un voyage qui peut mener à la folie ou à la mort.